En ce dimanche matin, j’ai dû me lever tôt pour aller visiter la DMZ à 60 km au nord de Séoul. DMZ pour demilitarization zone, comme son nom l’indique c’est une zone démilitarisée de 2 km au nord et au sud autour de la frontière qui suit plus ou moins le 38ème parallèle. Comment on est arrivé là ? Un peu d’histoire…

Comme vous le savez tous très bien, au sortir de la 2ème guerre mondiale, la Corée qui était une province japonaise est divisée en 2, entre le nord (sous influence soviétique) et le sud (dominée par les ricains) comme l’Allemagne (RDA et RFA). La scission a lieu autour du 38ème parrallèle. La guerre de Corée commence en 1950 par l’invasion du nord sous le commandement de son géniallissime leader Kim Il Sung sur le sud alors vassal assujetti à l’impérialisme capitaliste.

2-3 bourre pifs et chiffarnases plus tard, on se retrouve en 1953 avec le statu quo du début, c’est à dire qu’on revient sur une frontière autour du 38ème parallèle modulo la mort de 2 millions de civil et d’un million de soldat. Mais comme dirait l’ex-futur ou futur-ex ?? 1er parti de France, tout ceci n’est qu’un détail de l’histoire. Le Sud est exsangue, Séoul détruit à plus de 70%, et le Nord est pas forcément mieux. La fin de la guerre est signée entre le nord et le sud à Panmunjeon sur le 38ème parallèlle prévoyant la mise en place d’une zone tampon démilitarisée de 4 km entre le nord et le sud. Bon, là ou j’ai pas dû tout comprendre au concept de démilitarisation, c’est que j’ai vu des panneaux de « attention mine » partout, mais je dois être un peu con. Pour finir le côté historique, la paix n’a jamais été signée entre le sud et le nord ce qu’il fait que ces 2 pays sont encore officiellement en guerre.

Nous sommes un groupe de 8 personnes avec notre petite guide coréenne qu’on appellera Kim pour l’occasion à se lever pour visiter la DMZ. Dès que l’on sort de Séoul, il y a des signes partout indiquant que le pays est encore officiellement en guerre avec son voisin. Sur l’autoroute menant à la Corée du Nord (située à seulement une cinquantaine de kilomètres soit dit en passant), d’énormes structures de béton sont étrangement suspendues au-dessus de la chaussée. Kim nous a expliqué que celles-ci sont remplies d’explosifs prêts à être activés à tout moment. Dans le cas d’une invasion nord-coréenne, on fait exploser les structures, bloquant ainsi la route à l’envahisseur.

La 1ère partie commence avec la visite de la gare de Dochasan dans la DMZ. Suite à un rapprochement entre les 2 Corée vers la fin des années 2000, la période était à la détente, l’accord signé prévoyait la construction d’usine sud coréenne en Corée du Nord sur le site de Kaeseong avec emploi de travailleur nord coréen et une voie ferroviaire qui à terme permettrait de relier le Sud avec la Russie et la Chine. Les sud coréens chaud patate construisent donc les usines, Kim m’a confié que Hyundai faisait des pièces automobiles là bas et se mettent à construire une gare flambant neuve. C’était sans compter qu’en face il y avait le stratège Kim Jong Il, du coup, il a pris l’argent des usines (la zone fonctionne toujours de nos jours) et par contre, il a décidé de revenir sur le projet ferroviaire, du coup, les coréens ont construit une gare fantôme !!

La suite de la visite nous amène à l’observatoire de Dora, colline qui surplombe la DMZ et où les jours de beau temps (sans brume, pas comme le jour où j’y suis allé…) on peut voir la Corée du Nord. Le temps était brumeux comme souvent en Corée, on a dû mal à distinguer le bleu du ciel. Autant à Séoul, je pensais que c’était à cause de la pollution, autant dans la campagne ou je me trouve actuellement, on est loin des grandes villes et le ciel reste le même, pourtant c’est pas spécialement pollué.

De ce promontoire se présente devant moi la république démocratique de Corée, enfermé que je suis dans la dictature impérialiste et capitaliste américaine répondant au doux nom de Corée du Sud. Mon dieu, la liberté à quelques pas et moi qui la touche seulement de mon appareil photo.

Depuis l’observatoire, on peut voir 2-3 choses amusantes de la Corée du Nord :

Tout d’abord, un drapeau nord coréen qui flotte à 150m de haut sur un mat. Au début, il l’avait mis à 50m de haut, puis les sud coréens ont pris cela comme provocation et ont eux aussi planté un drapeau plus haut que le nord coréen. Qu’à cela ne tienne, les nord coréens ont réhaussé leur drapeau jusqu’à 150m. Victoire par KO de la Corée du Nord.

Au pied de ce drapeau se trouve le village de propagande fantôme nord coréen construit pour montrer la puissance du parti. Les édifices, censés exposer la « prospérité » du nord, ne sont en fait que des façades ou structures vides, comme un genre de plateau de tournage. Malgré le brouillard, j’ai pu le voir mais les photos ne rendent pas bien.

Enfin, les jours de beau temps, on peut apercevoir la statue de 2m de haut de Kim Il Sung.

Pour finir le tour, nous sommes allés visiter le 3ème tunnel d’infiltration. Oui, un tunnel. Les Nord Coréens, dans les années 70, avaient commencé à construire des tunnels pour passer sous la DMZ et envahir le sud. Grâce à un nord coréen passé au sud, le sud a pu trouver ces tunnels. A l’heure actuelle, 4 tunnels ont été trouvés sur toute la longueur de la DMZ. Kim Il Sung aurait déclaré qu’un tunnel avait la puissance d’une bombe atomique. Bon en même temps, à l’époque, il avait pas l’arme nucléaire donc il se consolait comme il pouvait. Le 3ème tunnel fait 2 kilomètres de long et devait pouvoir faire passer 30 000 soldats à l’heure pour venir envahir Séoul. Il est interdit de prendre des photos dans le tunnel, par contre, ce que je peux vous assurer, c’est que l’armée du nord c’est des hobbits. J’étais courbé sur toute la longueur à en avoir un mal de dos terrible. La taille max du soldat nord coréen, c’est 1m70 pas plus… En sortant du tunnel, Kim était toute contente de nous dire que le nord s’était fait chier à creuser ces tunnels et qu’eux gagnaient de l’argent grâce à cela. Ah l’humour coréen, c’est quelque chose.

Pour finir, détour à la boutique de souvenir de la DMZ, je cherche partout des cartes postales du nord des fois qu’ils aient ça, des cartes un peu rétro style communiste. Je vais voir Kim et lui demande :

« Kim, vous avez pas des souvenirs de Corée du Nord ? »

Kim a eu l’air très choqué de ma question, m’a répondu sèchement « non » et m’a tourné le dos vite fait. Bref, j’ai pas marqué des grands points patriotes.

Pour finir le topo avec la Corée du Nord, ces derniers jours j’ai passé du temps sur la côte est. Comme les pays sont encore en guerre, la côte est encore bordée de barbelés, des postes de surveillance tenue par des appelés du service militaire vu leur jeunesse.

La surveillance a été augmentée depuis qu’un sous marin nord coréen s’est échoué sur les côtes de la mer de Corée en 1996 libérant 26 soldats nord coréens dans le pays. Les soldats nord coréens se sont comportés comme des vrais bêtes de la forêt, ont tué 40 soldats sud coréens et quelques civils pour essayer de rejoindre le nord

On peut visiter le sous marin qui me confirme définitivement que l’armée nord coréenne est une armée de hobbit vu le peu d’espace et de taille pour un être occidental.

Voilà pour le passage culturel et historique sur la Corée. Quand on est dans le nord de la Corée et vu le nombre de militaires qu’il y a, on se rend bien compte que les 2 Corée sont encore en état de guerre même si cela ne reste que des escarmouches (les dernières étant un bombardement d’une île sud coréenne par la Corée du Nord tuant des civils fin 2010).

Moi je continue dans l’est de la Corée vers Sokcho et Samcheok.