En partant de Shangri La à 3200m pour rejoindre Qiatao au début des gorges du Tigre, je ne pensais pas souffrir d’un choc thermique. Qiatao n’est plus qu’à 1700m d’altitude et en sortant du bus qui me pose devant l’entrée de la marche, je sens une chape de plomb d’une trentaine de degrés s’effondrait sur moi.

1ère chose à faire, se séparer de mon sac à dos, on m’a recommandé Jane’s Guesthouse où je peux le laisser pour 5 Yuans. Problème, je suis en face de la Tiger GH et ils offrent aussi une consigne de bagages. J’y vais, il m’en demande 20. J’en suis vraiment quitte pour trouver la Jane’s GH. Après une dizaine de minutes de marche, je tombe sur elle et je laisse mon sac à dos pour le prix que l’on m’a indiqué.

Me voilà parti avec pour cette marche de 2 jours. Alors, je suis parti avec mon tshirt et mon caleçon que je portais depuis 2 jours à Shangri La. Il faut dire que je les avais pas trop sali et j’étais parti dans l’idée que les gorges du Tigre seraient à la même altitude que le Sichuan et que donc je ne suerai pas trop. Erreur monumentale. Il fait très chaud et le chemin est très très poussiéreux. Le début de la marche est sur une route non goudronnée pendant 30 minutes et on se fait doubler parfois par des camions et on en prend plein les bronches. Le truc c’est que le tshirt devient marron de poussière avec la sueur. Ma clochardisation est en route.

Au début de la marche, je rencontre un chinois (il m’a dit son prénom mais je n’ai rien compris) qui me propose de marcher avec lui. Bien volontiers.

Au début, sur la route, je sens bien qu’il souffle un peu trop alors que la marche n’a pas commencé. Moi, de mon côté, je me sens super léger et le souffle me manque pas, je crois que mes 15 jours au dessus de 3000m semble porter leurs fruits (ainsi que ma perte de poids). Après la route, le chemin s’élève brutalement et mon chinois commence vraiment à souffrir. On fait pas 10 minutes de marche qu’il n’est pas loin de faire un syncope, il sort de son sac une bouteille d’oxygène qu’il respire frénétiquement puis après avoir repris un peu son souffle, s’allume une clope… Ma marche est assez longue aujourd’hui pour aller mon but la Halfway GH qui est à 6-7h de marche. Avec mon chinois sur le dos, je ne pourrai pas l’atteindre avant la nuit. Je l’attends plusieurs fois, on se fait doubler par des américains en classe verte (la honte!!) et puis au bout d’un moment, je lui dis que je dois continuer et j’abandonne donc mon chinois, sa bouteille d’oxygène et ses clopes.

Sur les coups de midi, j’arrive à un village Naxi, que l’on doit atteindre en 2h de marche et que j’atteins en 3h à cause de mon chinois. Je suis assez content de moi, je tiens la forme et ne fatigue pas trop dans les montées. Je mange mon casse croûte à côté d’une mamie Naxi à l’ombre d’un arbre. Les Naxis sont une des minorités du Yunnan, ils ne parlent pas forcément mandarin et se trouvent dans la région de Lijiang.

Moi ne parlant ni l’un, ni l’autre, ça ne change pas forcément de d’habitude. Je lui achète une bouteille d’eau et elle m’offre des noix (j’aime pas trop ça mais je suis obligé d’en manger) et beaucoup de brugnons. Après avoir passé une heure avec elle sous notre arbre, il faut repartir pour la dernière difficulté de la journée, la montée des 28 virages (comme à l’Alpe d’Huez).

Je commence à compter les virages pour me donner du baume au cœur parce que c’est vraiment pentu et la chaleur m’écrase. Arrivé au virage 10, une petite halte s’impose chez une mémé qui vend plein de choses dont du cannabis où les arguments de vente sont même écrits en français…

Après cette halte, je reprends ma marche pensant en avoir fait la moitié et j’arrive à un virage où il y a le numéro 1 écrit sur une roche. Donc en fait, tout ce que j’ai fait avant ne comptait pas dans les 28 virages.

En haut des 28 virages après 45 minutes de marche, vous avez une vue superbe sur le massif montagneux qui s’élève à 5000m au dessus de vous et sur les début des gorges du Tigre. Le panorama est assez grandiose.

Etant en haut, je reprends mon souffle et voit débouler un couple de jeune français, me semblant tout frais après cette montée, moi j’étais rincé. Intérieurement, je me disais, « ptain les bâtards, moi comme j’en chie et eux tout tranquille… ». Comme je me réjouis du malheur des autres, la jeune fille a un coup de soleil terrible sur les cuisses et je lui ai dit :

• « Tu dois douiller avec un coup de soleil pareil »
• «  Ouais pas mal »

Comme entrée, on n’a déjà vu mieux mais bon on continue la marche ensemble. Elle, Clémentine, finit ses études à Shanghai, vit en Chine depuis 2 ans et demi et parle mandarin plutôt bien. Lui, Pierre Louis, est infirmier et principalement intérimaire pour pouvoir venir voir sa copine en Chine assez souvent. Ils sont vraiment très sympas et on finit la marche ensemble. Je leur demande quel est leur secret pour ne pas être fatigué après la montée.

• « Ben, on a pris des chevaux parce qu’on a eu un coup de chaud et on est descendu avant pour pas avoir honte ».

Ma fierté en avait pris un coup mais là je me sens soulagé. On continue la marche qui est magnifique à flanc de montagne, le seul problème, c’est qu’on est à court d’eau et qu’on a très soif. Un pépé vend de l’eau au bord du chemin, on l’achète et au dernier moment, Pierre Louis remarque que les bouteilles sont déjà ouvertes. Ce n’est pas de l’eau minérale. Sans lui, on en aurait été quitte pour une belle diarrhée… Pépé enculé va !!

Finalement on arrive à la Halfway après 7h de marche en tout, l’endroit est magnifique avec une vue extraordinaire sur les montagnes.

Pierre Louis et Clémentine avaient monté une bouteille de rouge et du saucisson et me proposent de partager tout cela. Ca fait bien plaisir de retrouver des goûts qui fleurent bon la France. J’avais acheté du saucisson chinois au marché à Shangri La, c’était juste infect, rempli de gras pouah…. On passe la soirée sur la terrasse avec 2 autres français (2 ingés bien sûr) en face de la montagne sous un beau ciel étoilé à boire un peu de rouge, du saucisson des bières et manger de très bons plats chinois, tout en discutant français, une belle soirée assurément. Ca fait du bien de rencontrer des compatriotes, souvent et moi le premier, on râle de rencontrer des français à l’autre bout du monde, mais on est quand même un peuple bien cool et surtout on est drôle !!

Le lendemain, 4ème jour avec mon tshirt, Pierre Louis et Clémentine eux aussi entament leur 2ème. Là, j’ai atteint le stade ultime au niveau de l’odeur et c’est parti pour 4h de marche en plein cagnard pour atteindre le bas des gorges.

On file jusqu’au bas des gorges pour aller voir le fameux rocher. Comme d’hab, il faut payer des trucs, 10 yuans par ci parce que la famille a mis des pierres sur le chemin, 15 yuans par là, parce que la famille a construit un pont blablabla. Bref, pour revenir au gorge, si un tigre a sauté de ce rocher et atteint l’autre rive, je me la coupe et la mange en brochette…

La remontée des gorges se fait via des échelles de 20m bien tendu si l’on a le vertige avec une sécurité toute chinoise, c’est à dire aucune.

Vers 15h30, on prend le bus des gorges en direction de Lijiang. Je m’excuse auprès de la jolie chinoise très bien apprêté auprès de qui j’ai passé 2h dans le bus, elle devait pas être super ravie la pauvre. 2H plus tard, il est temps de dire au revoir à Pierre Louis et Clémentine. Complètement cassé, j’arrive à l’auberge et m’effondre sur le lit en passant quand même par la case douche et changement de fringues parce que c’était plus possible. Manque de pot, je me trouve avec un chinois tout content d’être avec un étranger, donc j’en suis pour une session de traducteur de smartphone, le chinois étant fan de NBA, il m’a sorti tous les français, Tony Parker, Batum, Diaw etc…

Le lendemain, découverte de Lijiang qui est d’après le parti officiel, l’une des plus belles villes de Chine. Et bien c’est vrai, autant parfois, cela peut être foireux autant là, la ville est restée en mode « Chine traditionnelle » et ça claque sa maman.

Le matin, vers 8h, je passe sur une des places et je tombe sur des mamies Naxi dansant en rythme. Je me pose une bonne demi heure à les regarder danser. Je me demande si c’est une coutume issue du communisme ou si c’est une part de leur culture. Je l’ai déjà vu faire beaucoup de fois dans différentes villes et je n’arrive toujours pas à savoir si c’est culturel ou communiste.

Certes, à Lijiang, il y a beaucoup de boutiques touristiques où ils vendent beaucoup de babioles mais ça reste vraiment très joli avec un petit canal qui lézarde au milieu de la ville, on pourrait se croire dans un décor du film « tigre et dragon ».

Il n’est pas trop difficile de sortir un peu du centre et de trouver une vraie vie de village dans Lijiang. Les maisons sont certes dans un moins bon état mais ça a au moins un côté authentique.

J’ai eu la bonne idée de la visiter tôt et d’éviter la cohorte de tours opérateurs chinois qui commendent à envahir la ville sous les coups de 11h avec leur mégaphone hurlant à n’en plus pouvoir.

 

En plus, j’ai pu rencontrer le sosie allemand de mon oncle au détour d’une rue, j’ai même cru un instant que c’était lui…

Beaucoup de repos dans cette ville, les températures augmentent par rapport au Sichuan mais toujours pas de pluie à l’horizon, donc j’en profite. Mes prochaines destinations sont Dali, la ville jumelée avec Salvador et Kunming.

Ca fait 2 mois que je suis parti et un premier bilan s’impose :

– 25 bières bus

– 3 gnôles

– 10 repas au fast food

– 7 jours en scooter

– 1 serpent croisé

– 10 kilos de perdus déjà, d’après la balance officielle du marché de Dali.

– 75€ d’eau dépensés.

– Nuit la plus chère à Samcheok : 28,71€

– Nuit la moins chère à Dali : 2,58€