Phnom Penh est la capitale du Cambodge et ma dernière étape de mon voyage au Cambodge. Arrivés sur les coups de 13h dans la capitale, nous marchons 3-4 kilomètres pour rejoindre le white rabbit où nous avions décidé de descendre vu qu’il y avait la clim dans le dortoir. Quasiment 16 jours au Cambodge sans clim, on peut se faire un petit extra pour la dernière nuit et oublier les ventilateurs.

On pose nos affaires à l’auberge et on part visiter la prison Tuol Sleng à quelques centaines de mètres de là où on crèche.

Petit rappel historique sur le Cambodge et le régime de Pol Pot. Pol Pot et les Khmers rouges prennent le pouvoir en 1975 en marchant sur Phnom Penh. En moins de 48h, les Khmers rouges ferment le pays et le bon vieux Polo met en place une dictature marxiste plus qu’extrème. On ferme les écoles, les universités, la monnaie, la religion sont abolies, tout ça ne sert à rien et toute la population doit partir dans les campagnes travailler la terre et cultiver du riz. Vivre dans les villes n’a aucun sens et les gens sont déplacés de force vers les campagnes, même s’ils ne savent pas cultiver la terre. Ils apprendront bien en chemin ou ils mourront. Tous les cambodgiens doivent jurer bien entendu fidélité à l’Angkar (« l’organisation » en cambodgien et doctrine de Pol Pot) et quiconque trahi l’Angkar sera passible de la peine de mort. C’est le cas de tous les intellectuels, des gens éduqués et de tout ceux qui auraient pu faire de l’ombre et mettre en doute Pol Pot. Au total, pendant la période Khmer rouge qui aura duré 4 ans de 1975 à 1979, entre 1,5 et 2 millions de Cambodgiens furent tués (sur une population de 8 millions d’habitants à l’époque, soit plus de 20% de la population). J’en ai vu des génocides cons mais alors là, tué sa propre population qui plus est éduquée, on touche à l’état de grâce de la débilité. Et dire qu’au soir de l’arrivée de Pol Pot au pouvoir, Le Monde écrivait que « Phnom Penh est enfin libéré »…

Voilà, ça pose un peu le séjour que je vais faire à Phnom Penh, fini les plages paradisiaques et les cailloux anciens, place à la barbarie la plus conne. Donc le 1er lieu à visiter, la prison de Tuol Sleng, ou autrement dénommé la prison S-21 où plus de 20 000 prisonniers transitèrent et où seuls 7 d’entre eux survécurent. Le lieu n’a pas vraiment changé depuis 1979, il est interdit d’y prendre des photos. Ici, les prisonniers étaient torturés jusqu’à ce qu’ils confessent des exactions contre l’Angkar qu’il n’avait pas commises. Ceci est à tel point réél que des traces de sang se trouvent encore dans les cellules des prisonniers ou dans les salles de tortures, ce qui rend l’endroit encore plus réel. La torture allant du simple arrachage de tous les ongles, au coup de barre de fer dans le dos ou au déboitage d’épaule sur une potence.

Prison de Tuol Sleng

La potence en bas

Les fils barbelés pour empêcher que les détenus ne se suicident

Une chambre de torture

Bref, on n’a pas envie de rire dans ce genre d’endroits et comme avec Eduard, on aime ne pas rigoler, on part suivre la piste des prisonniers qui ont confessé leur pseudo méfaits. Nous voilà en route pour les « killing fieds », les fameux champs d’exécution. Le plus connu et le plus visité est celui de Choeung Ek qui abrite le musée du génocide. Vous entrez dans un endroit qui est en fait un immense champs. On vous donne des audio guides pour avancer au milieu des killing fields. De loin, ça n’a rien de spécial. De près, c’est autre chose. Un peu plus de 40 000 personnes se sont fait tuées ici. Tous les corps n’ont pas forcément été extraits des charniers et vous marchez parfois sur des ossements humains, par ici un os, là une machoire, ici des habits. Les os remontent d’autant plus à la saison des pluies avec l’eau qui ravine et fait apparaître d’autres ossements… Les prisonniers étaient emmenés ici pendant la nuit et exécutés non pas avec une balle dans la tête. Le régime étant exsangue, c’était trop cher de mettre une balle dans la tête, donc les pauvres étaient exécutés avec des feuilles de palmiers (égorger), à la masse, à la pioche. Les bébés étaient fracassés contre un arbre. L’horreur absolue !! Les audio guides sont très bien faits et permettent d’appréhender ce lieu si particulier mais si calme dorénavant. Pour finir, une stupa a été montée qui abrite les cranes des personnes qui ont été déterrés à Choeung Ek. On estime qu’il y avait 300 killing fields comme celui ci dans tout le Cambodge.

Les charniers des killing fields

Cette branche sert à égorger des êtres humains…

Tronc d’arbre de Choeun Ek, gloups

Des étoffes…

Des bracelets jetés en mémoire des disparus dans les fosses

« Ne marchez pas sur les os »

L’arbre de la mort où les bébés étaient fracassés

L’arbre sur lequel était attaché la sono qui couvrait le bruit des exécutions

Des ossements humains

La Stupa qui abrite les ossements humains

Des pauvres malheureux

Pour finir sur Phnom Penh, nous sommes allés visiter le palais royal, joli palais mais relativement cher pour ce que c’est. Par contre, adossé au palais, se trouve la pagode d’argent qui est censé enfermer un cil ayant appartenu à Bouddha. Oui messieurs et mesdames, un cil. Heureusement qu’ils ont pas trouvé autre chose, déjà que la pagode est grande…

Coucou, c’est le roi!!

Eduard dansant en rythme dans les danses des parcs

Palais royal

Jardin du palais 1

Jardin du palais 2

La pagode qui contient un cil de Bouddha

Parc de la pagode d’argent

Un petit mot sur la ville en elle même, tout est en reconstruction et je n’ai jamais vu autant d’inégalités. La ville ressemble parfois à l’Afrique avec beaucoup de sable partout. Sur les grandes avenues près du palais royal, vous trouvez des voitures que l’on ne voit qu’à Monaco en face du Casino (j’ai croisé 2 Rolls Royce en moins de 24h, j’en ai jamais vu à Lyon par exemple). Il y a beaucoup de constructions qui fleurissent un peu partout, tout est très anarchique. Beaucoup d’inégalités, beaucoup trop à mon avis. Je pense qu’il doit y avoir autant voire plus d’inégalités au Vietnam mais je ne les ai jamais autant senti qu’au Cambodge. Après 16 jours passés au Cambodge, je pars pour la Thaïlande en bus de nuit direction Bangkok. Le Cambodge, c’est plat, très plat, les îles y sont magnifiques, Angkor Wat vaut le détour. Voilà un pays qui se fait en 15 jours de vacances sans trop se presser, j’en garderai le souvenir d’un endroit tranquille, reposant, loin de l’agitation effrénée du Vietnam et après tout cela fait du bien. Bien sûr, il y a des choses à voir, je n’ai pas tout fait délibérément, Kampot, et les parcs de l’est du pays (Mondokiri et l’autre) mais j’ai ouï dire de la part de Thomas et Clémentine que les parcs n’étaient pas si fantastiques. A nous la Thaïlande et la Malaisie, parce que oui, Laure a réussi à atterrir au pays du Siam et cela pour 6 semaines.