Fin de la campagne de Russie – En train vers l’extrême Orient     

Fin de la campagne de Russie – En train vers l’extrême Orient     

Oulan Oude est le principal carrefour où les principales routes se divisent. La plupart des voyageurs occidentaux continuent leur chemin vers la Mongolie et la Chine via le transmongolien en direction d’Oulan Bator pour finalement arriver à Pékin. De notre côté, nous continuerons la route originale du transsibérien à destination de Vladivostok. Notre 1ère étape, direction Tchita à un peu plus de 13h de train d’Oulan Oude. C’est aussi notre 1ère nuit dans le train et cela nous sert pour prendre nos marques. Nous avons acheté nos billets en 3ème classe, la plus basse, que les russes appellent Platzkart. Ce sont des wagons couchettes de 54 personnes, il n’y pas de compartiment mais on est souvent 6 (4 d’un côté du couloir et 2 de l’autre) à se partager l’espace. La platzkart favorise les rencontres et les russes sont plutôt curieux d’essayer de comprendre ce que les occidentaux viennent faire dans cette partie du monde. Chaque wagon est tenu par un provodnik (un homme) ou plus généralement une provonidtsa (femme au demeurant assez austère). Elle gère le wagon, lave les toilettes, donne les draps, oreillers et matelas, vérifie qui monte dans le train etc… Bref, c’est le boss du wagon. Pour optimiser notre confort, dans chaque wagon se trouve un samovar pour pouvoir faire notre thé ou réchauffer les soupes lyophilisées. Nous avons testé aussi la 2ème classe, que les russes appellent Kupé, les compartiments sont individuels (c’est-à-dire que vous n’êtes que 4). En règle générale, nous avons préféré la 3ème classe, vous pouvez discuter avec tout le monde et vous n’êtes pas bloqués avec vos voisins de compartiment. Pour ce qui est de la sécurité, (même si nous n’avons jamais eu le moindre problème), la 3ème classe est préférable, vous êtes à la vue de tout le monde et pas enfermé dans un compartiment avec 2 molosses ivres. On ne va pas se mentir, le taux moyen d’alcool dans le train chez l’homme de 30-40 ans se compte en gramme. En effet, pour passer le temps, les russes dorment, mangent et boivent et ce à n’importe quelle heure de la journée. Mais ils ne sont pas radins, et vous serez invités à boire et manger plus souvent qu’à votre tour.

La Platzkart

La Kupé

Nous passerons le trajet jusqu’à Chita avec Roman, un jeune étudiant russe en mathématiques à Novossibirsk rentrant chez sa mère pour les vacances à 3 jours de train de là. Tout heureux de pouvoir passer le trajet à discuter en anglais, il nous a expliqué beaucoup de choses sur la Russie, sur les études. En tout cas, c’est l’un des rares qui n’étaient pas pro-Poutine même s’il a quand confirmé à Laure que Poutine serait quand même président de la Russie même sans bourrer les urnes. Roman nous a proposé de nous accompagner dans la visite de Chita. Chita est l’une des villes les plus froides de la région (ça descend dans les -30°C et il y a beaucoup de vent). Au niveau architectural, rien de bien particulier, tout ce que le communisme a à nous offrir se trouve à Chita. Des grandes avenues et beaucoup de bâtiments sans charme et une place principale où trône une statue de Lénine. On n’est plus en URSS mais en Sibérie et en Extrême Orient, les statues et allusion à l’ancien régime communiste sont légions. Nombre de bâtiments arborent encore la faucille et le marteau, il y a toujours une statue de Lénine etc…

Lénine de Chita

Avec Roman sur la grande roue de la ville

Vue sur Chita

Siège du FSB local

Chita a été fondée par les Décembristes, après leur coup d’état manqué au début du 19ème siècle, ils ont été forcés de s’exiler jusqu’en Sibérie à Chita qui a pris comme surnom « la ville des exilés ». Malgré les plans quinquennaux soviétiques qui ont changé l’architecture de la ville, il reste dans un quartier un peu à l’écart au milieu d’une cité, une trace du passage des Décembristes avec une église en bois qui sert de musée des décembristes. A l’intérieur du musée, même si tout est en russe, l’histoire des décembristes est retracée, avec même des témoignages d’aristocrate français qui avaient fui avec les décembristes. Assez intéressant surtout grâce à Roman qui nous a fait la traduction de la plupart des documents.

Eglise des Décembristes

Au sud de Chita, se trouve quelques Datsan, celui de Tsougol et celui d’Aguinskoe. Nous ne ferons que celui d’Aguinskoe, à plus d’1h30 en marshroutka de Chita. Quand nous arrivons à Aguinskoe, il est heure de manger et malheureusement dans ce tout petit village, il n’y a pas beaucoup de restaurants, donc on ira se restaurer à la cantine du village, marrant de manger à côté de tous ces bouriates dont aucun n’avait le faciès typique du russe.

Char d’Aguinskoe

A la cantine

Eglise d’Aguinskoe

Nous trouvons un taxi qui nous amène au Datsan et nous flânons autour du lieu avec des locaux en pleine prière. C’est assez déroutant de se dire que nous sommes en Russie à ce moment-là, parce que ce genre d’endroits n’est pas du tout assimilé à l’imaginaire que l’on en a.

Datsan d’Aguinskoe 3

Datsan d’Aguinskoe 2

Datsan d’Aguinskoe 1

De retour à Chita, il est temps de dire au revoir à Roman et de prendre le transsibérien jusqu’à Blagoveshtchensk. 39h d’une seule traite pour faire la distance. Heureusement, il y a des pauses de 20-25 minutes toutes les 2, 3h pour pouvoir se dégourdir les pattes. C’est souvent dans des « grosses » gares que le train s’arrête, pour la plupart des russes, c’est le moment de faire des recharges en victuailles, bières et vodka. A l’un de ces arrêts, nous avons même vu un livreur de pizza venir livrer ses pizzas sur le quai commandés par les passagers.

Gare Lambda

Activité pendant la nuit

Durant ce trajet, je fais la connaissance de Youri, sniper dans l’armée russe, accompagné de sa fille de 15 ans. Nous sympathisons à grand coup de vodka, nous buvons à la santé de Macron (qu’il connait), de Poutine, de Napoléon etc… A Chita, nous avions acheté un livre pour enfant russe/anglais qui finalement, nous aura pas mal servi pour entamer les discussions avec les russes.

Youri le sniper et sa fille

Que faire pendant 39h de train ? Eh bien, on lit, on dort, on regarde les paysages, on joue aux cartes, on s’occupe et finalement le temps passe relativement assez vite.

Depuis le train 1

Depuis le train 2

Depuis le train 3

Depuis le train 4

On dort

Finalement, on arrive à Blagoveshtchensk à la frontière chinoise, ville où il n’y aura pas grand-chose à voir. Au bord du fleuve Amour, elle fait frontière avec la Chine où juste en face se trouve une ville chinoise. Les 2 côtés se regardent et se prennent en photo mutuellement.

Gare de Blagoveschtchensk

La Chine

Comme au Japon

Monument aux morts de la 2ème guerre mondiale

Arc de triomphe

Encore Lénine

Etape suivante, Birobidjan, à une nuit de train de là. Birobidjan se trouve dans la seule région autonome juive du pays. Malheureusement, çà et là, quelques vestiges de cette présence avec quelques écritures en hébreux mais le nombre de juifs dans la région a énormément diminué…

Coucher de soleil sur l’Amour

Gare de Birobidjan

Donc, comme il n’y a pas grand-chose à voir ou faire dans cette ville, nous partons en marshroutka vers Khabarovsk. Cette ville sur l’Amour a été un coup de cœur pour Laure et moi. Elle est vraiment sympa, avec des constructions sur les collines, la rue principale avec de beaux bâtiments et enfin sa promenade sur le fleuve Amour. Nous nous paierons même une croisière sur l’Amour, peu sont ceux qui peuvent se vanter de faire une croisière sur l’Amour dans leur vie…

Distributeur de Kvas, la boisson nationale

Place de Lénine

Khabarovsk 1

Khabarovsk 2

Comme à San Francisco

Croisière sur l’Amour

Et que ça transporte du bois

Khabarovsk depuis le fleuve

Berge de l’Amour

Après Khabarovsk, direction la fin de notre périple, Vladivostok. Nous y arrivons sous les trombes d’eau. Bienvenue sur les côtes de l’océan pacifique (après avoir commencé sur la mer Baltique) et l’humidité qui va avec.

Gare de Vladivostok

Fin du transsibérien

De la pluie

Et encore de la pluie

Vladivostok est avant tout une ville militaire mais elle essaye de s’ouvrir le plus possible au tourisme jouant sur le côté San Francisco russe. Beaucoup de bars alternatifs dans cette ville, de restaurants, et surtout la copie du Golden Gate de San Francisco qui ma foi est une réussite. La ville nous a aussi beaucoup plu, nous avons pu prendre les bus pour sortir de la ville et aller se poser au bord de la mer. Il fait beau, la nature est belle et on en profite pour se balader au bord de la mer à l’autre bout du monde. La Russie est un pays immense avec toutes ses diversités, la nourriture est excellente, les gens sont sympas, loin du stéréotype que nous autres occidentaux pouvons avoir d’eux.

Panorama de Vladivostok

Et cette fois ci, il fait beau

Nature près de Vladivostok

Le Pacifique russe

Nous voilà de retour en Europe après 8h de vol interne (sans film, sans rien), mais on ne regrette pas d’avoir fait ces quelques 4000km en train depuis Irkoutsk !! Maintenant, il faut y retourner l’hiver !!

Submit a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *